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La Main à l’Oreille
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Je ne peux plus ne plus penser


Par Laurence Vollin

Ceci est juste un petit texte destiné aux mamans d’enfants différents, un message à partager, si vous le souhaitez !

Ce matin-là, je m’étais réveillée une heure trop tôt. Il me restait donc un temps non négligeable de sommeil dans lequel je tentais de me replonger au plus vite. Mais trop tard, impossible de me rendormir, mon mécanisme de pensées s’était mis en marche à mon insu, imparable, insatiable.

Coutumière du fait, je tentais de me concentrer sur un point, une phrase, mais rien à faire. C’était un véritable bouillon d’images, de paroles, mon cerveau était phagocyté. Furieusement exaspérée, je ne comprenais pas pourquoi je n’arrivais plus à « faire le vide », à stopper mes pensées, à retrouver cette sensation unique de silence cérébral où l’on n’entend plus que les battements de son cœur et le souffle de chaque expiration.

J’étais devenue le jouet de mon esprit et je jouais le jeu.

Impossible de ne pas lister les tâches à accomplir, les emplois du temps passés et à venir, les réflexions des uns, les besoins des autres, mes préoccupations du moment : Gabriel a-t-il mis son réveil, a-t-il pris son manteau ? Pourquoi travaille-t-il moins son violon ? Et Clara, qui vit maintenant à Lausanne, se nourrit-elle correctement ? Il faut que je lui achète telle et telle chose, que je lui rappelle de s’occuper de ses clés. Et Anne-Laure, qui a des petits malaises qui m’inquiètent, montera-t-elle volontiers dans le taxi tout à l’heure, et Gilles et son travail et ma mère et ma sœur, et les rendez-vous à prendre et où se rendre, et les courses de cet après-midi, et le néon de la cuisine qui clignote, et tous les mails auxquels je dois répondre, et les articles que je dois écrire, et les fiches d’heures des baby-sitters et et et… J’abandonnais. Le « vide » et moi étions fâchés. Je me levais.

Je me levais et je paniquais ! Je n’avais pas pu interrompre ce cycle infernal d’injonctions, préoccupations, réflexions. J’étais aux prises avec un pouvoir extérieur que je générais moi-même et que je ne contrôlais plus du tout.

Angoisse terrifiante : et si cela ne cessait jamais ?!

Alors, ce matin d’automne ensoleillé, j’ai pris une grande décision : chaque jour, pendant quelques minutes, j’allais essayer de « faire le vide », de repousser l’assaut de mes pensées et tenter d’entendre battre mon cœur. Pas question de devenir une victime « d’auto-harcèlement intellectuel » !

Sitôt dit, sitôt fait : j’ai ouvert grand la fenêtre de ma chambre, me suis assise en tailleur sur le tapis et j’ai commencé à respirer lentement en regardant un point sur le sol. Je n’essayais plus de bloquer mes pensées, je les laissais venir et le flux se calmait peu à peu, au rythme des respirations. Pendant trois, quatre secondes, elle m’ont abandonnée, c’était bien peu mais c’était un début.

Plusieurs fois dans la journée je me suis mise en état de « rêverie ». Avec la fatigue d’une nuit un peu plus courte, ce fut aisé, et les pensées s’évanouirent, hébétées.

Que ceux qui me croiseraient dans la rue, par hasard, avec un regard étrange qui les voit sans les voir, ne s’offusquent pas. Je « fais le vide », c’est mon nouveau look !

Je vais peut-être perdre du temps à rêvasser et ne plus « tout faire », voire, devenir paresseuse ?! Quelle honte ! Tant pis, c’est mon lâcher-prise de l’automne, brun, rouge, ocre, un lâcher-prise en or.

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