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La Main à l’Oreille
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Enzo Schott à la Une de Libération !

Par Philippe Godin - Janvier 2017 

Nous avons le plaisir de vous inviter au vernissage de l’exposition « Ma ville et moi » d’Enzo Schott, vendredi 1er avril à 19h, au Centre culturel Maurice Eliot à Épinay-sous-Sénart, la ville où habite Enzo.

Cet événement précédera et ouvrira la journée de l’autisme du samedi 2 avril où La main à l’oreille sera présente aux Chapiteaux Turbulents et au Parc Floral de Paris

L’exposition Brut Now propose la rencontre de deux univers que tout semble opposer. Pour la première fois, des productions « brutes » qui relèvent pleinement de l’art numérique sont présentées en France. #Mondesparallèles en 11 462 signes !
LES SIMULACRES DE L’ART BRUT
Nombreux sont ceux qui s’intéressent aujourd’hui à l’art brut, par réaction contre l’environnement numérique et la désincarnation grandissante du tout digital dans la société actuelle. Les dangers d’un monde pris dans un devenir autiste sous l’influence des nouvelles technologies, toutes plus addictives les unes que les autres, conduisent les technophobes à voir dans l’art (brut) un univers indemne de technique. Avec Brut Now, on découvre le pouvoir curatif de ces nouvelles technologies ; de quoi faire rêver les plus rousseauistes !

La première partie de l’exposition est amplement consacrée à des créateurs d’art brut qui ont « simplement » entretenu une fascination à l’égard des sciences ou des techniques, l’autre partie présente un art brut véritablement numérique.

ART BRUT 2.0
Cette exposition permet de découvrir pour la première fois des productions « brutes » qui relèvent pleinement de l’art numérique. On le doit à l’association BrutPop fondée par David Lemoine et Antoine Capet. Elle a pour objet la promotion de la musique expérimentale et des arts plastiques avec un public autiste ou en situation de handicap mental ou psychique. Elle agit également pour le développement d’un réseau entre les divers acteurs œuvrant dans ce but, le partage des pratiques et des questionnements qu’elles suscitent ainsi qu’à la recherche pour la conception de nouveaux instruments adaptés. David Lemoine et Antoine Capet travaillent depuis 2010 sur le projet Atelier Méditerranée de musique expérimentale à destination d’un public autiste. Comme d’autres l’ont fait avec les feuilles et les feutres, de la peinture ou des collages, beaucoup de jeunes handicapés mentaux ou d’autistes d’aujourd’hui explorent les outils numériques pour produire.

« En tant que commissaires associés de cette exposition d’art brut contemporain, nous, pour notre part de commissariat, avons choisi de présenter les travaux de quatre très jeunes artistes. Rencontrés pour la plupart dans des institutions pour autistes dans lesquelles nous sommes passés, ils utilisent pour produire des outils aussi divers que des ordinateurs, une photocopieuse, des smartphones, un jeu vidéo… »

Yoann Goetzmann capture d’écran France, 1992

Enzo Schott est un jeune homme de 16 ans suivi par La main à l’oreille, une association qui soutient l’invention autistique sous toutes ses formes. Enzo Schott est avant tout un artiste du numérique autodidacte qui crée des œuvres à partir de captures d’écran, de différents logiciels comme Powerpoint et le jeu vidéo Minecraft. Depuis l’âge de 4 ans, quand il découvre sur son ordinateur la possibilité de pouvoir « couper-coller » des morceaux pour créer un monde, il n’a plus cessé d’inventer. Cet enfant atypique, pour surmonter sa peur des inondations, ancrée dans la réalité de ses craintes, est devenu l’architecte d’un monde imaginaire en 3D, qu’il appelle « mon monde », où il a trouvé comment avoir la vie sauve en montant toujours plus haut dans les grands bâtiments qu’il construit.

Ces travaux numériques ont d’ailleurs de quoi trancher avec l’esthétique brute traditionnelle. Cet « art brut 2.0 », si c’est comme cela qu’il faut l’appeler pour être compris, aura peut être le mérite de se libérer en montrant un profond renouvellement des médiums et des sujets hautement « pop ». À l’instar des artistes de leur génération, Rhalidou, Yohann, Enzo et Bintou s’approprient les médiums numériques pour livrer des œuvres habitées par la société de consommation, du divertissement, de la surinformation.

Yoann Goetzmann est un jeune homme qui porte toujours sur lui une pochette remplie de feuilles imprimées. Sur ces feuilles, des assemblages de captures d’écran : de jeux télévisés, des chiffres, des lettres, des choses ayant rapport aux trains et aux bus, aux starlettes de la télé. Yohann est intarissable sur la source de ces images. Il a développé sa technique de collage de captures d’écrans en autodidacte, l’enregistrement de ses compositions lui importe peu, pour lui la réalité c’est l’impression sur le papier. Yohann joue aussi dans Astéréotypie, un projet de « spoken words » né dans son ancien institut médico-éducatif.

Rhalidou Diaby, capture d’écran France, 1994

Rhalidou Diaby dessine depuis de nombreuses années à la souris sur un ordinateur à partir de Paint, un logiciel de dessin informatique basique présent par défaut sur la plupart des ordinateurs. Pendant longtemps Rhalidou a dessiné sans chercher à enregistrer son travail, sûrement ne savait-il pas le faire. Un éducateur lui a appris à le faire et, moins de deux ans plus tard, c’est plus de 1 500 fichiers qui ont été produits, permettant de découvrir la richesse de son univers. Il dessine ses camarades, ses éducateurs, des personnages de dessins animés, de bandes dessinées ou encore des personnages imaginaires. Artiste pop, Rhalidou a aussi développé MOIJOUTRIE, une marque imaginaire de produits de grande consommation qu’il redessine tour à tour en logo de céréales pour petit déjeuner, d’une compagnie de téléphone mobile ou d’un fromage allégé. Tous les types de produits sont déclinés : moijoutrie box, moijoutrie ight, moijoutrie magazine, moijoutrie for men…

Bintou Minte, Capture d’écran, France, 2000

Bintou Minte est une adolescente qui nourrit une passion inexpliquée pour les papiers servant aux tatouages éphémères comme ceux des Malabar. Bintou a toujours dans ses poches un ou plusieurs de ces papiers transferts déjà utilisés. Elle a commencé à investir la photocopieuse de l’institution pour reproduire les papiers transferts qu’elle collectait. D’autres objets se sont joints petit à petit sur le plateau de photocopiage, comme des stylos et des objets plastiques. Cette série fut collectée dans des classeurs, elle en remplit aujourd’hui trois. Depuis, Bintou investit fortement la photo, elle squatte appareils, smartphones et tablettes autant qu’elle peut pour poursuivre ce travail de capture avec une plus grande efficacité. Elle mitraille ses papiers transferts, sa peau, fait de nombreux sel es, et photographie les objets ou les images qui pour elle font sens. Accompagnée par sa psychologue, qui l’a soutenue dans ses expérimentations, Bintou organise maintenant ses images dans des classeurs. Elle choisit soigneusement les images, leur ordre, et les manipule pour perfectionner sa mise en page. Bintou est fascinée par les pelures de bandes adhésives usagées couvertes de résidus qu’elle conserve dans ses poches. Chaque jour, elle photocopie ses pelures qu’elle place elle-même sur la vitre, accompagnées des petits objets colorés qu’elle sélectionne (briques Lego, stylos-billes, etc.) selon des compositions variables. Les photocopies sont rangées dans des classeurs qui se remplissent peu à peu.

Terry Davis est un programmeur américain, un homme dont les étranges profils et vocation opposent les utilisateurs des forums spécialisés. Car pour certain, Terry Davis est un schizophrène en rupture avec toute réalité, alors que pour d’autres c’est un génie de l’informatique ayant créé un extraordinaire système d’exploitation (comme Windows ou MacOS). Établi à Las Vegas, aux Etats-Unis, Terry Davis, 44 ans, travaille depuis dix ans sur son système d’exploitation, TempleOS. Il s’agit de la grande œuvre du programmeur solitaire, un nouveau «temple de Salomon» dont l’édification aurait été dictée par les commandements divins : en 16 couleurs et avec une résolution de 640 par 480. Cet espace virtuel doit permettre à tout un chacun d’entrer en communication avec Dieu.

Terry Davis, capture d’écran, États-Unis, 1969
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